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    Quelques mois plus tard.

     

    Bethsabée

     

    - “Vérité”.

    Heureusement que ce n’est pas mon tour. Je ne sais pas ce qui m’a pris : un action-vérité avec Abis et ma soeur, c’est comme un interrogatoire à la CIA.

    Mina réfléchit puis demande :

    - “Alors… la dernière personne que tu as embrassée ?

    - Ohlalala….

    - Ah c’est à ce point là ?

    - Bah…. je me souviens plus de son prénom… on était juste un peu ivres toutes les deux…

    - C’était une fille ? relevé-je.

    - Oui pourquoi ?

    - Oh non rien je pensais pas que tu…

    - Que je ?

    - Que tu étais lesbienne, complète Mina.

    - Ah mais je suis pas lesbienne, je suis bi”.

     

    Elle est bi ? Alors, femme ou homme, homme ou femme, tous les choix sont possibles. L’idée me trouble. A-t-elle déjà été attirée par Mina ? Ou par moi ?...

    - Ça vous choque ?

    - Non... On t'apprécie comme tu es.

    - Moi je m’attendais à de plus sombres secrets de ta part..."

    Mina porte la main à son front et dit :

    - “J’ai mal à la tête… Je crois que je vais aller me coucher.

    - Déjà ? fait Abis.

    -  J'ai trop mal... Désolée je vous laisse toutes les deux !”

     

    Je ne sais pas pourquoi mais je le redoute un peu. Seule. Seule avec Abis. Je ne devrais pas.

    En me disant bonne nuit elle me pince légèrement le bras. Un mal de tête, vraiment ?...

    - “A toi Beth…”

    C'est la seule personne qui m'appelle "Beth" et pas "Betsy"... J'aime le son que prend le "b" fort dans sa bouche puis la douceur du "th" prononcé à l'anglaise. Il coule sur ses lèvres.

     

    -” Action.”

     

    Je crains le pire. Qu'est-ce qu'elle va me demander de faire ? Courir à oilp dans le jardin, danser la macarena sur la table de la cuisine ou pire ?...

    - “Lèche le tapis.

    - Mais c'est crade !

    - C'est toi qui a choisi action. So now, tu lèches le tapis.

     

    *

     

    Wihelmina

     

    Mes pieds foulent l'herbe sèche. Je frissonne, je me sens un peu folle : je ne porte qu'une chemise de nuit,  l'air frais de la nuit d'été mord ma peau.

     

    Quand je me suis habillée tout à l'heure je me suis regardée dans le miroir en me disant "C'est à ça que ressemble le visage d'une femme amoureuse ?". Pourtant il n'était pas différent d'avant. Le teint pâle, les yeux bleus, la bouche luisante, les cheveux noirs en vagues souples autour. Mon visage.

     

    Puis j'ai enfilé cette chemise. Elle voile à peine mon corps. Je voulais être belle pour Jean-Louis, mais maintenant je regrette un peu. Ai-je vraiment besoin de ces artifices ? Ne devrait-il pas m'aimer telle que je suis ?

     

    J'arrive enfin dans la cave. Il paraît endormi. Je me glisse à ses côtés, sous les draps. Ma présence le réveille et il se tourne vers moi. Je me réfugie dans ses bras. Parfois j'aimerais bien rester ainsi chastement, toute la nuit. Mais ses mains et les miennes s'égarent, et nos corps s'emmêlent dans l'humidité froide de ce caveau sans lumière que nous réchauffons de nos haleines.

     

    Dans la fièvre de l'instant nous oublions toutes précautions. Nous nous perdons dans la nuit. Nuit charnelle, où les corps se mêlent, les sueurs se confondent. Nuit fauve.

     

    - “Je t'aime Mina... Si tu savais comment…”

     

    La tendresse est sur son visage…Allongés l'un contre l'autre, encore essoufflés et moites d'amour, nos paupières se ferment peu à peu.

     

    - “Ça fait 5 mois que je vis dans cette tombe, et on est majeurs maintenant... Je veux t'épouser, ne plus vivre caché, t'aimer au grand jour…”

     Je lui souris. Moi aussi je t’aime Jean-Louis, mais tes mots me font peur.

     - “... te faire au moins dix enfants et vivre avec toi jusqu'à la fin de ma vie.. On le continuera ensemble ce legacy  !”

    Ses lèvres se perdent dans mon cou.

     Me voilà à peine femme qu’il me veut déjà mère et épouse.  Est -ce que je désire vraiment cette existence ? Faire ma vie avec lui, m'engager pour toujours ? Des enfants aussi tôt ? Et mes études ? Et quel travail après ? Je n’ai même pas mon bac !

     

    Ma chemise blanche gît sur le sol, froissée, empoudrée de poussière. Comme mon esprit ce soir.

    *

     

    Externe

     

     

    -”Tu pourras venir jeter un coup d’œil sur les filles ?

     

    - Tu ne penses pas qu’elles sont assez grandes pour se débrouiller seules ? répond François à l’autre bout du fil.

     

    - Si, seulement c’est la première fois que je m’absente aussi longtemps, et laisser deux ados dans une maison sans surveillance pendant deux semaines m’effraie un peu...mais je ne peux pas louper cette expo !

     

    - Ne t’inquiète pas, si tu y tiens j’irais.

     

    - Merci François, tu es sûre que cela ne te dérange pas ?

     

    -  Nooon, tes filles sont adorables...impossible de faire autrement avec une mère comme toi !

     

    - Toujours égal à toi-même à ce que je vois…

     

    - Dois-je le prendre comme compliment ou comme critique ?

     

    - Je ne sais pas… Simplement, tu sais user du langage pour parvenir à tes fins.

     

    - Le langage et les beaux mots n’ont pas été inventés pour communiquer mais pour courtiser les femmes Alice !

     

    - C’est en tout cas l’usage que tu en fais. Allez, je dois te laisser. Il faut que je téléphone à mes fils pour prendre de leurs nouvelles...ils me manquent tellement depuis qu’ils sont partis !

     

    - On ne fait pas ses enfants pour soi ! Allez, à bientôt, je t’embrasse.

     

    - Moi aussi, bonne soirée…”

     

    Alice repose le téléphone sur sa base. Elle ne savait pourquoi, mais une angoisse injustifiée l’étreignait, comme si cette simple conversation allait déchaîner les forces obscures qui avaient jusque là épargné leur famille durant plusieurs générations.

     

    *

     

    Bethsabée

     

    « - Elle est vraiment malade ?

    - Tu l'as crue ? Tu parles, c'est juste pour aller voir Jean-Louis... Il n'y a plus que lui qui compte en ce moment. »

     

    Une pointe de jalousie perce dans ma voix. Et jalouse, je le suis. Je voudrais qu'on m'aime moi aussi, qu'on me trouve belle et qu'on me désire.

    Comme nous tous ici-bas.

     

    « - C'est le grand amour entre eux ?...fait Abis.

    - Ils sont dégoulinants de niaiserie, c'est écœurant.

    - Tu dis ça parce que tu es jalouse... Tu aimes quelqu'un ?

    - Non, n'importe quoi ! »

     

     

    Mes joues doivent trahir ma gêne. Rouge tomate, grenat ou vermillon, mon épiderme a une échelle de teinte qui suit mes émotions.

     

    « - Je ne crois pas à l'amour.

    - Mais c’est impossible ! Pourquoi ?    

    - Parce qu'on nous vend un amour qui fait mal, un amour qui doit te posséder, t'écraser, t'étourdir jusqu'à ce que tu abandonnes tout pour lui. Alors comme tout le monde tu cherches cette passion destructrice, cet amour-haine, amour-poison.... Tu finis par croire qu'il te faut tout sacrifier au profit de cet amour, que lui seul, tout-puissant, doit dominer ta  vie, que lui seul assurera ton bonheur, bien plus qu’amis et famille ont pu le faire… Alors tout ce que tu vis te paraît fade et tiède à côté de ce brasier. Les premières étincelles s'éteignent bien vite. Tu en conclus que ce n'est pas l'amour. Tu pars. Mais l'amour ce n'est pas ça.    

    - C'est quoi pour toi alors ?   

    - L'amour c'est comme une graine qui pousse, à la merci du vent. Toute seule, cette graine a peu de chances de survivre, et même les pétales de la fleur qui parfois en naît sont fragiles... C'est à toi à l'arroser, l'entretenir, à mettre tes mains en coupe pour l'abriter…”

     

    Elle m’écoute toujours, dubitative.

     

    - Si tu ne veux pas de l'amour-haine, qu'est-ce que tu cherches ?

    - Moi je veux un amour qui me rende heureuse, belle, dans lequel je m'épanouisse...je veux sentir des papillons voler dans mon ventre, mes joues s'embraser, mes jambes trembler sous l'émotion.... mais sans souffrance. je veux un amour qui fasse battre mon cœur plus grand ! “

    Un silence plane, et je reprends :

     - “Même si c’est un amour hors-norme qu’une poignée de réac’ pense être une déviance… “

    Le visage d’Abis est si près du mien que je peux sentir son souffle. Et cette peur qui m’étreint, qui broie ma poitrine de ses doigts longs, mêlée d’excitation.

    - “…parce que moi je pense qu’on ne tombe pas amoureux d’un sexe mais d’une personne.”

    C’est moi qui prends l’initiative cette fois, les larmes aux yeux, émue d’avoir avoué à quelqu’un ce qui me pesait sur le coeur depuis si longtemps et que je taisais. Aux autres et à moi-même.

    Je voulais tant rentrer dans la norme, avoir la même vie parfaite que ma soeur qui suit les routes déjà tracées !

    Ce que je pensais n’être qu’un passage, un amalgame confus entre amitié et amour, est bien plus que cela.

    De l’Amour avec un grand A.

    Je pose mes lèvres sur sa bouche et nous nous embrassons fiévreusement. Elle a un goût de vanille et de cigarette. Tout prend un sens nouveau avec ce baiser : je suis une fille, j’aime les filles...et je m’en fous. Juste  aimer ce corps que je sais d’instinct faire vibrer, si semblable au mien !

    - Montre-moi comment c’est, “plus grand”... même si je préfère l’amour poison. “ dit-elle dans un souffle.

     

    *

     

    Wihelmina

     

     

    Je fais le chemin inverse de tout à l’heure… Alors que j’étais pleine d’espoir et d’amour à l’aller, au retour je suis surtout pleine de doutes. Je ne devrais pas. Alors qu'enfin le bonheur me frôle de son aile, je réfléchis trop, j'ai peur, comme toujours !

    J’arrive presque à la porte d’entrée, quand un mouvement attire mon oeil.

    Dans la chambre de Bethsabée, deux corps s’enlacent.

    C’est ma soeur. Ma soeur et Abis !

    Je reste quelques instants figée sur place, voyeuse, voleuse. D’instants vite envolés que je n’aurais jamais dû saisir.  

    Dire qu’un jour j’étais assez proche de ma jumelle pour lire ses sentiments dans ses yeux…

     J’admire encore un peu cette ardeur qui les réunit, cette amour passion. Quand soudain, les yeux de sphynx d’Abis croisent les miens. Je fuis vers ma chambre, les joues empourprées.

     

    *

     

    Externe

     

    Le lendemain...

     

    - Bonjour Abis ! Bien dormi ? demande Alice, une tasse de café fumant à la main.

     

    - Pas beaucoup en fait… dit-elle en souriant à Bethsabée.

     

    - C’est normal, vous avez dû parler jusqu’à pas d’heure…

     

    - Oui bien sûr !

     

    Betsy rit sous cape, la rousse ne perd pas son aplomb mais hausse les sourcils en lui lançant un regard lourd de sous-entendus.

    Complices.

    Elle se sent fondre. Elle s’éclipse vers la douche, laissant sa mère et son amantE ( et comme elle y tient à ce féminin) seules.

     

    - Madame, j’ai oublié de vous dire… Quand je suis arrivée, hier soir, j’ai entendu des bruits bizarres venant de la cave. Peut-être des rats ?

    Pas une émotion n’agite son visage lisse.

    - C’est possible, personne n’y va jamais… Merci de m’avoir prévenue, j’irais jeter un coup d’oeil.

    - Mais de rien.

     

    Amour poison, amour passion,

     

    Charmes vénéneux

     

    Délicieuse obsession

     

    Aux parfums sulfureux

     

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    Place au blabla post-màj !

     

    Alooooors....Je tiens d'abord à m'excuser pour l'absence d'images. J'ai un gros problème de jeu : ça fonctionne, je n'ai touché à rien, mais pleins de téléchargements ont disparu. Pascomprispourquoisuistroptristemesbellescoiffuuuuures ! TwT

     

    Qu'avez-vous pensé de cet article ? Il a mis énoooooormément  de temps à venir, je sais. Mais j'ai une bonne excuse : mon chien a mangé mon ordinateur.

    Naaaan, je blague. En fait je me suis fait opérer des dents de sagesse. Donc j'avais une tête de poisson porc-épic sans les épines (charmant) et des douleurs atroces. J'ai mangé des pots pour bébés Blédina (non je ne suis pas sponsorisée) pendant une semaine. J'ai cru revivre quand j'ai pu retrouver une nourriture solide - du jambon moulinette et de la mayonnaise - c'était meilleur que du chou-fleur que du caviar.

    Et donc j'ai rien foutu.

     Enfin si. J'ai créé ce blog ! Skyrock était vraiment trop trop trop restrictif, et tellement peuplé de trolls, de paumés, de blog chevaux (loin de moi l'idée de les critiquer, mais je faisais une overdose), de plagieurs et autres créatures peu engageantes que j'en ai eu marre. Valà. Alors que je commençais juste à comprendre comment fonctionnait sky, maintenant me voilà avec une nouvelle plateforme à comprendre. LOL. En tout cas merci Neikka pour ton aide ! Prête à tout comme les scouts. 

    Je sais, vous détestez Abis maintenant. Moi aussi. Mais je l'adore en même temps, parce que j'adore adorer des personnages détestables, c'est détestablement formidable.

     

    FOOOOORMIDABLE, NOUS ETIONS FORMIDAAABLES ♫ Non. Stop. Là aussi je fais une overdose.

     

    Maintenant je suppose que vous êtes aussi anti-Mina. Mais j'y peux rien moi, les triangles (EQUILATERAUX) amoureux y'a que ça de vrai. Sisisi. Parce que bien sûr, comme je suis très imprévisible (faux !) vous avez sans doute deviné la suite de l'intrigue.

     Vous avez peut-être aussi remarqué la référence à cette chanson. Viiii ! Vous avez gagné.... euh... un de un cheveux ! (c'est trop cool, vous allez pouvoir le revendre sur ebay).

    Ma bizarrerie atteint un niveau critique.

    J'allais comme d'habitude faire une blague vaseuse, dans le genre "A plus dans le bus", mais je me suis retenue. Appréciez l'effort.

     

    Emmarjolaine - nouveau pseudo -

     

     

     

     

     

     

     


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