• *108* Petites filles ou RIEN DU TOUT JE SAIS PAS QUOI METTRE (partie 2)

    Fond musical here

     

    Bethsabée



    - Ca ne va pas ma chérie ?

     

    Elle essuya ses yeux rougis mais les larmes coulaient toutes seules. Douées d’une vie propre, elles ruisselaient incessamment, un flot de désespoir que qu'elle n'arrivait pas endiguer.

     

    - Ca se voit tant que ça ?

     

    Elle gagnait du temps en retournant la question. Putain, elle ne pensait pas que cela faisait aussi mal. Jusque là, elle se moquait des filles qui pleuraient pour un chagrin d’amour. Aujourd’hui elle comprenait.

     

    - Ooooh, ma pauvre louloute !

     

    Elle ne formalisa même pas du surnom ridicule qu’elle ponctuait toujours d’un “Mamaaaan” indigné habituellement.

     

    - Le garçon qui te met dans cet état ne mérite pas que tu pleures pour lui.

     

    Alice enlaça la jeune fille maladroitement. Elle avait perdu l’habitude de tous ces gestes d’affection. Mais Bethsabée la sentit se raidir quand elle répondit :

     

    - Ce n’est pas un garçon qui me fait pleurer.

     

    Elle renifla, pitoyable. Petite fille l’amour fait du bien mais l’amour fait aussi très très mal...

     

    - C’est une fille.

     

    Sa mère ne répondit rien et défit son étreinte. Elles s’enlisèrent dans un silence pesant.

     

    - Je vois. C’est…?

    - Abis.




    ***

     

    Abis.

    Je ne suis rien sans toi. Rien.

    Rien.

    Rien.

    Rien.

     

    Abis...

     

    Reviens. J’ai besoin de toi. Tu m’as si bien dressée que je me sens toute vide quand tu n’es pas là. Vide de toi. Je ne suis pas amoureuse, non, je suis imprégnée de toi jusqu’à la moelle, tu m’as abisée toute entière, si fort et si bien que je ne suis  qu’une coquille vide quand tu n’es pas là. Ne me laisse pas maintenant, ce serait trop cruel !...

     

    J’ai à peine eu le temps de te découvrir, de découvrir mon amour pour toi, de me découvrir dans l’amour, que tout est déjà fini.

    Pourquoi j’ai dit ça ? Je savais que tu  avais eu des aventures avant moi… Beaucoup même. C’est une jalousie tardive qui m’a éveillée l’autre soir. Oui, je t’en voulais. J’aurais voulu, comme tu l’as été pour moi, être ta première fille, ton premier tout. J’aurais voulu une étreinte maladroite, une découverte timide de l’inconnu. Mais tu en savais bien plus. Tu étais déjà rodée, alors que j’apprenais le regard, l’esprit qui s’oublie  dans un quelque chose de nouveau, un quelque chose qui vous submerge. Non, pas un quelque chose. Une vague qui vous rejette, le corps écumant, douloureux comme s’il avait été roué de coups, après vous avoir tourmenté dans ses ondes tantôt furieuses, tantôt douces et caressantes… Une vague qui vous abandonne sur le rivage changé et grandi, tout essoufflé, encore étourdi, avec déjà l’envie de replonger dans ses remous délicieux…

     

    Petite fille, tu découvrais cette soif de plaisir qui rend fous les hommes...et les femmes.

     

    Oui, tu savais déjà tout. Et pour ça, je t’ai traitée de catin. Un mot bien désuet pour dire prostituée, putain, pute. De quel droit ? Quel droit avais-je sur toi, à cet instant, sinon celui de te respecter et de t’aimer ? Aucun. Je t’ai jugée, moi qui me vantais de ne pas le faire. Mais tu as été si cruelle, féline aux griffes aiguisées, tu as touché au sanctuaire sacré : Mina !

     

    Ce n’est pas normal, tout de même, d’aimer sa soeur à ce point…

    Si, c’est ma jumelle. Pourquoi ce ne serait pas normal ?

    Je ne sais pas, tu parles d’elle comme d’un ange immaculé…

    C’est un ange.

    Ta soeur n’est pas un ange. La suite nous le dira.

     

    Je revois ta chevelure flamboyante, la douceur précise de tes gestes, ton teint nacré sous ma bouche…. Ta beauté douloureuse, tes yeux de chatte séduisante, sous leurs rideaux de cils longs, étonnemment clairs. Les vêtements sombres qui font de ta peau une étoffe précieuse et pâle…

     

    Qui a tort, qui a raison entre nous deux ? Je ne sais plus. Je sais juste t’aimer et me laisser aimer.

     

    Abis !

     

    Reviens…



    ***

     

    Elle avait finalement agi. Agir. Une chose si nouvelle pour elle…

     

    Elle avait marché dans les rues détrempées, la pluie fouettant son visage. Elle s'était finalement arrêtée devant une petite maison blanche dévorée par le lierre et le temps. Avait sonné longuement, les doigts tremblants d’émotion contenue.

     

    Pendant tout le temps que dura le tintement de la sonnette, les larmes tentèrent de se frayer un passage, glissantes, pressées de trouver l’inconnu duveteux d’une joue, de se perdre sur l’aile palpitante d’un nez en se mêlant à la pluie froide. Elle ne pensait pas que l’on pouvait s’attacher autant à quelqu’un en si peu de temps.

     

    (OUI J’AI DES DELIRES BIZARRES AVEC LES LARMES. RESPECTEZ MES CHOIX, UKAY ?)

     

    Ses yeux s’écarquillèrent lentement quand la porte s’ouvrit, deux énormes billes bleues qui roulaient presque dans leurs orbites.

     

    - Ah, c’est toi, c’est pour Abis je suppose. Tu es presque aussi charmante que ta soeur, dommage…(il lui fit un détestable clin d’oeil)...tu ne chasses pas le même lièvre...

     

    Elle l’aurait bouffé tout cru. Ou tout du moins aurait-elle voulu lui faire avaler sa robe de chambre, et par la même occasion, sa suffisance. Elle se contenta de bégayer :

     

    - Je… François...que…

     

    L’autre rattachait paisiblement son peignoir. Elle baissa les yeux devant les poils drus de son torse, obscènes soudain. Dans la maison, une voix qu’elle ne connaissait que trop bien - deux semaines plus tôt elle lui susurrait des mots qui la faisait rougir à l’oreille- retentit :

     

    - C’EST POUR MOI ? J’ARRIIIIIIVE, JE M’HABIIIIILLEEEEE !

     

    Elle entendit des pas se précipiter sourdement sur un parquet, et c’est une Abis essoufflée (portant en tout et pour tout un peignoir japonais) qui les rejoignit.

     

    Piétinement de son coeur par un géant sadique.

     

    C’est pas possible.

    Pas possible.

     

    Elle savait qu’ils se connaissaient mais de là à… Oh mon Dieu, sa vie ressemblait de plus en plus à un mauvais scénario de “Plus belle la vie” rédigé par un scripte suicidaire.

     

    - Beth ?

     

    Le “th” sensuel écorcha cruellement ses oreilles. Tous ses membres étaient paralysés dans la stupéfaction.

     

    Abis et François, François et Abis, AbisFrançoisAbisFrançois tous les deux ensemble chez elle un après-midi de juillet enlacés imbriqués s’aimant sous le soleil d’été...

     

    Elle n’eut même pas une réaction civilisée. Elle détala, ses chaussures battant les pavés miroitant, des miroirs sales qui ne reflétaient qu’une figure défaite.

     

    ***



    Quand Abis la vit partir en courant, l’image d’un lapin piégé entre les deux phares d’une voiture s’imposa à son esprit.

    Elle lui courut après (oui, comme dans les films, pieds nus, en kimono japonais imprimé de fleurs délicates).

     

    - BETH ! BETH ! C’EST PAS CE QUE TU CROIS !

     

    Elle se retourna dans un fouillis de cheveux blonds.

     

    - Ah oui ? Tu m’expliques ce que vous foutez à moitié à poil dans ton salon à 15 heures de l’après-midi alors ? Je suppose que vous jouiez aux sept familles !

     

    - …

     

    - Je comprends mieux maintenant pourquoi ça te déplaisait tant qu’il se passe un truc entre ma soeur et lui ! T’étais jalouse c’est tout… Tu sais ce qui me désole le plus ? C’est que moi j’étais prête à tout pour toi, j’avais tellement de choses à te donner...des terrains en friche où auraient pu pousser les plus belles plantes… une affection qui ne connaîtrait aucune limite, une présence constante, des gestes infiniment tendres, des yeux pleins d’amour, et puis aussi, un corps à caresser. C’est peut-être tout ce qui t’intéressait !

     

    Elle reprit son souffle, elle suffoquait presque, la colère couvait et étouffait le souffle dans ses narines.  Elle reprit :

     

    - Tu parles, avec toi aussi c’était l’amour-poison…

     

    Elle lui tourna le dos et accéléra le pas.

     

    - Lâche-moi maintenant ! Laisse-moi ! Je veux plus te voir !

    - Laisse-moi au moins m’expliquer Beth !

    - Et arrête de m’appeler Beth !...

     

    Mais sa voix faiblit. Behtsabée avait déjà abandonné. Déjà succombé aux regards veloutés…Elle s’arrêta au beau milieu de la chaussée en adressant un geste charmant aux quelques voitures qui avaient le malheur de les klaxonner.

     

    Elle la tira par la manche sur le trottoir, évita une crotte de chien et retint un frisson de dégoût en sentant se coller sous son talon un vieux mégot.

     

    J’ai toujours trouvé que les chiens fumaient trop…



    - Ecoute… Je te promets que c’est juste une foutue coïncidence ! On s’est baladé sous la pluie et en rentrant on était trempé, alors on a pris chacun une douche, et je lui ai prêté un peignoir. Quand tu as sonné, j’étais encore sous la douche, c’est pour ça que c’est lui qui t’a ouvert…

    - C’est un peu gros comme excuse, tu ne trouves pas ? Et en quel honneur il s’est baladé avec toi ?

     

    Abis avait réussi le miracle de retourner la situation. Déjà, elle se sentait comme l’usurpatrice hystérique et jalouse se formalisant pour quelques détails, alors qu’elle était quelques instants plus tôt l’amante trompée remettant pendules à l’heure.

     

    - Parce que c’est mon demi-frère, qu’on entretient une relation amicale, on s’entend bien et c’est tout…Fraternel tu vois ?

     

    - Heureusement tiens…

     

    - Tu te fais vraiment des idées, je t’assure…

     

    - En même temps, vu comme tu es partie l’autre jour… D’ailleurs le “gros cul” te remercie.

     

    - C’était la colère. Je le pensais pas.

     

    - En tout cas tu l’as crié bien fort.

     

    - Je suis désolée.

     

    Une part de Bethsabée voulait juste la retrouver. La sensation prégnante de bonheur qu’elle éprouvait avec elle. Leurs étreintes… Elle tout court. L’autre partie, elle, était à vif, blessée, refusant de croire aux explications; préférait la solitude à la réconciliation.

     

    Les senteurs d’orage gonflaient ses narines. Un mélange doux-âcre de verdure humide, de terre chaude et trempée. Elle se sentait comme la ville, purifiée par la pluie, encore étouffée et fébrile d’une explosion récente.

     

    - Je sais pas ce que j’ai envie de faire. Je sais pas si je dois te croire ou pas.

     

    Elle ne s’était même pas excusée pour le “catin” qui avait lancé les hostilités entre elles, bien qu’elle le regrettât amèrement. La fierté la poussait à ne pas le faire.

     

    Mina ne l’aurait pas fait non ?

     

    Abis saisit la main, et irrésistible :

     

    - Crois-moi. Tu me manquerais trop.

    - Toi aussi, mais…

    - S’il te plaît. Aucun mais. Tu m’aimes encore ?

    - ...Oui.

    - Alors ne te pose pas de questions, agit.

     

    Elle obéit.

     

    Petite fille si docile…

     

    Elle unit ses lèvres aux siennes. Son coeur lui sembla au bord de l’implosion. Comme cela lui avait manqué, ce goût de vanille et de tabac, ses sens éveillés, elle.

     

    ***

     

    Abis

     

    Elle avait bien tenté de lutter contre cet attachement excessif. Elle savait bien que les autres désapprouveraient cela. Elle-même n’avait aucun scrupule : elle allait là ou la passion la guidait, voilà tout. Ce n’était pas sale. C’était humain.

    Elle quitta la jeune fille un sourire satisfait aux lèvres. Elle rentra en frémissant et resserrant les pans du déshabillé sur sa peau nue.

    Arrivée chez elle, elle se lova dans le canapé. Elle était encore plus féline ainsi…Chat de gouttière au pelage mouillé, yeux froids qui glissaient sur les autres comme un ruisselet glacial sur la pierrre, en épousant toutes les anfractuosités.

    François ne tarda pas à sortir de la cuisine, toujours en peignoir. Elle baissa le regard vers ses jambes aux muscles secs. Ses yeux gagnèrent en chaleur, un sourire sincère naquit sur son visage.Il lui sourit aussi.

    Elle se plaisait à se dire que la tension était palpable entre eux. Mais il n’aimait que lui-même...et peut-être aussi…

     

    - Alors, affaire classée ? demanda-t-il.

    - Oui, c’est bon.

    - Je dois reconnaître que tu as très bon goût, elle est charmante… Elle est le portrait de sa soeur.

    - Et sa soeur, justement, tu te l’es faite ?

    - Pas encore.

    - T’attends quoi, la semaine des quatre jeudis ?

    - La patience vient à bout de tout. J’attends qu’elle cède. Elle le fera.



    Elle passa une main dans ses cheveux qu’elle ramena d’un côté de son épaule, une masse flambloyante aux reflets mouvants.


    - T’as pas de couilles en fait.

     

     

     

    _____________________________________________________________________________

     

    EHEHEHEHHE J'AI MAJE EHEHEH DEUX MAJS EN PEU DE TEMPS C'EST UN MIRACLE BEATIFIEZ MOOOOOIIII

    Pas d'images je sais. Jeuquibuguej'aiessayépourtant. Demandez à Neikka elle était à côté de moi.

    ET UNE AUTRE MAJ AVEC ABIIIIIIIIS THE BADASS SHAGASS ET FRANCIIIICHOOOOOUUUUU ♥♥

    Je crois que c'est l'une des pires màjs avec narration que j'ai jamais faite ;w; Scuzi !

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 18 Juillet 2014 à 01:29

    (Ouuuuuuh, j'suis la première à commenter cet article /ZBAF/)

    Ah mais ta màj est très bien, j'admire ton talent en écriture *^* -Jalousiespotted-

    C'est fun, les màj centrées sur ma pitite favorite <3

    Ok, j'aime pas les histoires d'amours qui se terminent bien, mais passons ce fait...

    *^*

    « - T'as pas de couilles en fait. »

    Bah si, c'est un homme 8) (pasdrôlepasdrôlepasdrôle)

    « Demandez à Neikka elle était à côté de moi. »

    Je te haaaaaiiiiiiiis... oui, et il y a dix secondes je t'admirais. C'est tout à fait logique :3

    2
    lulu
    Vendredi 18 Juillet 2014 à 10:51

    Ow *-*


    J'adooooooooore !


    Le "t'as pas de couilles, en fait" m'a tuée XD


    Je te déteste... Ma petite Neikkanounette é.è

    3
    Vendredi 18 Juillet 2014 à 13:57

    (se sentir aimée : fait. MAIS DETESTEZ MOI BOWDEL :'))))))

    Tu as eu droit à mon commentaire en vrai :')

    4
    Devines
    Dimanche 20 Juillet 2014 à 03:13
    Je crois que c'est l'une des pires màjs avec narration que j'ai jamais faite *s'en va pleurer dans son coin tellement qu'elle complexe*
    5
    Mardi 22 Juillet 2014 à 00:59

    SABLE N'AMOUUUUUUUUUUUUUUR ♥

    MEUH, CA VEUT DIRE QUOI UN REGARD VELOUTE ? éOOOè

    JE NERRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRHHHHHHHM <3 <3 MAIS J'AI EU 11 ONGLETS D'OUVERTS EN PLUS A CAUSE DE TES MOTS BIZARRES QUE JE COMPRENDAIS PAS D8

    6
    Istina
    Jeudi 31 Juillet 2014 à 12:13

    FUFUFUFUFUFUFFUFUFUF TU ECRIS TROP BIEN MEUF !


    JE SUIS JALOUSEEUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUH !

    7
    Jeudi 31 Juillet 2014 à 18:03

    Merci tout le monde :3 Par contre Maheïna je pense pas que ce soit une histoire d'amour qui se termine bien...c'est plutôt un polygone amoureux foireux avec JL qui aime Mina qui aime François qui s'aime lui-même, et Bethsabée qui aime Abis qui aime François. BWEF FRANCOIS EST UN FOUTEUR DE MERDE

    8
    Vendredi 29 Août 2014 à 21:27

    Francois devrait aimer Sablé pour ennncore bien renfoncer le truc dans le compliqué x)

    9
    Samedi 30 Août 2014 à 02:00

    ATATATTAAAAA. BETSY C EST TERRAIN OCCUPED E-E.

    10
    Lundi 15 Septembre 2014 à 21:02

    XD Je vais pas pousser jusque là la machination, se serait too much ! (Même si c'est déjà too much)

    11
    Lundi 15 Septembre 2014 à 22:01

    *still waiting for the 109*

    12
    Lundi 24 Août 2015 à 22:24

    ♥♥♥♥

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