• Fond musical here

     

    Bethsabée



    - Ca ne va pas ma chérie ?

     

    Elle essuya ses yeux rougis mais les larmes coulaient toutes seules. Douées d’une vie propre, elles ruisselaient incessamment, un flot de désespoir que qu'elle n'arrivait pas endiguer.

     

    - Ca se voit tant que ça ?

     

    Elle gagnait du temps en retournant la question. Putain, elle ne pensait pas que cela faisait aussi mal. Jusque là, elle se moquait des filles qui pleuraient pour un chagrin d’amour. Aujourd’hui elle comprenait.

     

    - Ooooh, ma pauvre louloute !

     

    Elle ne formalisa même pas du surnom ridicule qu’elle ponctuait toujours d’un “Mamaaaan” indigné habituellement.

     

    - Le garçon qui te met dans cet état ne mérite pas que tu pleures pour lui.

     

    Alice enlaça la jeune fille maladroitement. Elle avait perdu l’habitude de tous ces gestes d’affection. Mais Bethsabée la sentit se raidir quand elle répondit :

     

    - Ce n’est pas un garçon qui me fait pleurer.

     

    Elle renifla, pitoyable. Petite fille l’amour fait du bien mais l’amour fait aussi très très mal...

     

    - C’est une fille.

     

    Sa mère ne répondit rien et défit son étreinte. Elles s’enlisèrent dans un silence pesant.

     

    - Je vois. C’est…?

    - Abis.




    ***

     

    Abis.

    Je ne suis rien sans toi. Rien.

    Rien.

    Rien.

    Rien.

     

    Abis...

     

    Reviens. J’ai besoin de toi. Tu m’as si bien dressée que je me sens toute vide quand tu n’es pas là. Vide de toi. Je ne suis pas amoureuse, non, je suis imprégnée de toi jusqu’à la moelle, tu m’as abisée toute entière, si fort et si bien que je ne suis  qu’une coquille vide quand tu n’es pas là. Ne me laisse pas maintenant, ce serait trop cruel !...

     

    J’ai à peine eu le temps de te découvrir, de découvrir mon amour pour toi, de me découvrir dans l’amour, que tout est déjà fini.

    Pourquoi j’ai dit ça ? Je savais que tu  avais eu des aventures avant moi… Beaucoup même. C’est une jalousie tardive qui m’a éveillée l’autre soir. Oui, je t’en voulais. J’aurais voulu, comme tu l’as été pour moi, être ta première fille, ton premier tout. J’aurais voulu une étreinte maladroite, une découverte timide de l’inconnu. Mais tu en savais bien plus. Tu étais déjà rodée, alors que j’apprenais le regard, l’esprit qui s’oublie  dans un quelque chose de nouveau, un quelque chose qui vous submerge. Non, pas un quelque chose. Une vague qui vous rejette, le corps écumant, douloureux comme s’il avait été roué de coups, après vous avoir tourmenté dans ses ondes tantôt furieuses, tantôt douces et caressantes… Une vague qui vous abandonne sur le rivage changé et grandi, tout essoufflé, encore étourdi, avec déjà l’envie de replonger dans ses remous délicieux…

     

    Petite fille, tu découvrais cette soif de plaisir qui rend fous les hommes...et les femmes.

     

    Oui, tu savais déjà tout. Et pour ça, je t’ai traitée de catin. Un mot bien désuet pour dire prostituée, putain, pute. De quel droit ? Quel droit avais-je sur toi, à cet instant, sinon celui de te respecter et de t’aimer ? Aucun. Je t’ai jugée, moi qui me vantais de ne pas le faire. Mais tu as été si cruelle, féline aux griffes aiguisées, tu as touché au sanctuaire sacré : Mina !

     

    Ce n’est pas normal, tout de même, d’aimer sa soeur à ce point…

    Si, c’est ma jumelle. Pourquoi ce ne serait pas normal ?

    Je ne sais pas, tu parles d’elle comme d’un ange immaculé…

    C’est un ange.

    Ta soeur n’est pas un ange. La suite nous le dira.

     

    Je revois ta chevelure flamboyante, la douceur précise de tes gestes, ton teint nacré sous ma bouche…. Ta beauté douloureuse, tes yeux de chatte séduisante, sous leurs rideaux de cils longs, étonnemment clairs. Les vêtements sombres qui font de ta peau une étoffe précieuse et pâle…

     

    Qui a tort, qui a raison entre nous deux ? Je ne sais plus. Je sais juste t’aimer et me laisser aimer.

     

    Abis !

     

    Reviens…



    ***

     

    Elle avait finalement agi. Agir. Une chose si nouvelle pour elle…

     

    Elle avait marché dans les rues détrempées, la pluie fouettant son visage. Elle s'était finalement arrêtée devant une petite maison blanche dévorée par le lierre et le temps. Avait sonné longuement, les doigts tremblants d’émotion contenue.

     

    Pendant tout le temps que dura le tintement de la sonnette, les larmes tentèrent de se frayer un passage, glissantes, pressées de trouver l’inconnu duveteux d’une joue, de se perdre sur l’aile palpitante d’un nez en se mêlant à la pluie froide. Elle ne pensait pas que l’on pouvait s’attacher autant à quelqu’un en si peu de temps.

     

    (OUI J’AI DES DELIRES BIZARRES AVEC LES LARMES. RESPECTEZ MES CHOIX, UKAY ?)

     

    Ses yeux s’écarquillèrent lentement quand la porte s’ouvrit, deux énormes billes bleues qui roulaient presque dans leurs orbites.

     

    - Ah, c’est toi, c’est pour Abis je suppose. Tu es presque aussi charmante que ta soeur, dommage…(il lui fit un détestable clin d’oeil)...tu ne chasses pas le même lièvre...

     

    Elle l’aurait bouffé tout cru. Ou tout du moins aurait-elle voulu lui faire avaler sa robe de chambre, et par la même occasion, sa suffisance. Elle se contenta de bégayer :

     

    - Je… François...que…

     

    L’autre rattachait paisiblement son peignoir. Elle baissa les yeux devant les poils drus de son torse, obscènes soudain. Dans la maison, une voix qu’elle ne connaissait que trop bien - deux semaines plus tôt elle lui susurrait des mots qui la faisait rougir à l’oreille- retentit :

     

    - C’EST POUR MOI ? J’ARRIIIIIIVE, JE M’HABIIIIILLEEEEE !

     

    Elle entendit des pas se précipiter sourdement sur un parquet, et c’est une Abis essoufflée (portant en tout et pour tout un peignoir japonais) qui les rejoignit.

     

    Piétinement de son coeur par un géant sadique.

     

    C’est pas possible.

    Pas possible.

     

    Elle savait qu’ils se connaissaient mais de là à… Oh mon Dieu, sa vie ressemblait de plus en plus à un mauvais scénario de “Plus belle la vie” rédigé par un scripte suicidaire.

     

    - Beth ?

     

    Le “th” sensuel écorcha cruellement ses oreilles. Tous ses membres étaient paralysés dans la stupéfaction.

     

    Abis et François, François et Abis, AbisFrançoisAbisFrançois tous les deux ensemble chez elle un après-midi de juillet enlacés imbriqués s’aimant sous le soleil d’été...

     

    Elle n’eut même pas une réaction civilisée. Elle détala, ses chaussures battant les pavés miroitant, des miroirs sales qui ne reflétaient qu’une figure défaite.

     

    ***



    Quand Abis la vit partir en courant, l’image d’un lapin piégé entre les deux phares d’une voiture s’imposa à son esprit.

    Elle lui courut après (oui, comme dans les films, pieds nus, en kimono japonais imprimé de fleurs délicates).

     

    - BETH ! BETH ! C’EST PAS CE QUE TU CROIS !

     

    Elle se retourna dans un fouillis de cheveux blonds.

     

    - Ah oui ? Tu m’expliques ce que vous foutez à moitié à poil dans ton salon à 15 heures de l’après-midi alors ? Je suppose que vous jouiez aux sept familles !

     

    - …

     

    - Je comprends mieux maintenant pourquoi ça te déplaisait tant qu’il se passe un truc entre ma soeur et lui ! T’étais jalouse c’est tout… Tu sais ce qui me désole le plus ? C’est que moi j’étais prête à tout pour toi, j’avais tellement de choses à te donner...des terrains en friche où auraient pu pousser les plus belles plantes… une affection qui ne connaîtrait aucune limite, une présence constante, des gestes infiniment tendres, des yeux pleins d’amour, et puis aussi, un corps à caresser. C’est peut-être tout ce qui t’intéressait !

     

    Elle reprit son souffle, elle suffoquait presque, la colère couvait et étouffait le souffle dans ses narines.  Elle reprit :

     

    - Tu parles, avec toi aussi c’était l’amour-poison…

     

    Elle lui tourna le dos et accéléra le pas.

     

    - Lâche-moi maintenant ! Laisse-moi ! Je veux plus te voir !

    - Laisse-moi au moins m’expliquer Beth !

    - Et arrête de m’appeler Beth !...

     

    Mais sa voix faiblit. Behtsabée avait déjà abandonné. Déjà succombé aux regards veloutés…Elle s’arrêta au beau milieu de la chaussée en adressant un geste charmant aux quelques voitures qui avaient le malheur de les klaxonner.

     

    Elle la tira par la manche sur le trottoir, évita une crotte de chien et retint un frisson de dégoût en sentant se coller sous son talon un vieux mégot.

     

    J’ai toujours trouvé que les chiens fumaient trop…



    - Ecoute… Je te promets que c’est juste une foutue coïncidence ! On s’est baladé sous la pluie et en rentrant on était trempé, alors on a pris chacun une douche, et je lui ai prêté un peignoir. Quand tu as sonné, j’étais encore sous la douche, c’est pour ça que c’est lui qui t’a ouvert…

    - C’est un peu gros comme excuse, tu ne trouves pas ? Et en quel honneur il s’est baladé avec toi ?

     

    Abis avait réussi le miracle de retourner la situation. Déjà, elle se sentait comme l’usurpatrice hystérique et jalouse se formalisant pour quelques détails, alors qu’elle était quelques instants plus tôt l’amante trompée remettant pendules à l’heure.

     

    - Parce que c’est mon demi-frère, qu’on entretient une relation amicale, on s’entend bien et c’est tout…Fraternel tu vois ?

     

    - Heureusement tiens…

     

    - Tu te fais vraiment des idées, je t’assure…

     

    - En même temps, vu comme tu es partie l’autre jour… D’ailleurs le “gros cul” te remercie.

     

    - C’était la colère. Je le pensais pas.

     

    - En tout cas tu l’as crié bien fort.

     

    - Je suis désolée.

     

    Une part de Bethsabée voulait juste la retrouver. La sensation prégnante de bonheur qu’elle éprouvait avec elle. Leurs étreintes… Elle tout court. L’autre partie, elle, était à vif, blessée, refusant de croire aux explications; préférait la solitude à la réconciliation.

     

    Les senteurs d’orage gonflaient ses narines. Un mélange doux-âcre de verdure humide, de terre chaude et trempée. Elle se sentait comme la ville, purifiée par la pluie, encore étouffée et fébrile d’une explosion récente.

     

    - Je sais pas ce que j’ai envie de faire. Je sais pas si je dois te croire ou pas.

     

    Elle ne s’était même pas excusée pour le “catin” qui avait lancé les hostilités entre elles, bien qu’elle le regrettât amèrement. La fierté la poussait à ne pas le faire.

     

    Mina ne l’aurait pas fait non ?

     

    Abis saisit la main, et irrésistible :

     

    - Crois-moi. Tu me manquerais trop.

    - Toi aussi, mais…

    - S’il te plaît. Aucun mais. Tu m’aimes encore ?

    - ...Oui.

    - Alors ne te pose pas de questions, agit.

     

    Elle obéit.

     

    Petite fille si docile…

     

    Elle unit ses lèvres aux siennes. Son coeur lui sembla au bord de l’implosion. Comme cela lui avait manqué, ce goût de vanille et de tabac, ses sens éveillés, elle.

     

    ***

     

    Abis

     

    Elle avait bien tenté de lutter contre cet attachement excessif. Elle savait bien que les autres désapprouveraient cela. Elle-même n’avait aucun scrupule : elle allait là ou la passion la guidait, voilà tout. Ce n’était pas sale. C’était humain.

    Elle quitta la jeune fille un sourire satisfait aux lèvres. Elle rentra en frémissant et resserrant les pans du déshabillé sur sa peau nue.

    Arrivée chez elle, elle se lova dans le canapé. Elle était encore plus féline ainsi…Chat de gouttière au pelage mouillé, yeux froids qui glissaient sur les autres comme un ruisselet glacial sur la pierrre, en épousant toutes les anfractuosités.

    François ne tarda pas à sortir de la cuisine, toujours en peignoir. Elle baissa le regard vers ses jambes aux muscles secs. Ses yeux gagnèrent en chaleur, un sourire sincère naquit sur son visage.Il lui sourit aussi.

    Elle se plaisait à se dire que la tension était palpable entre eux. Mais il n’aimait que lui-même...et peut-être aussi…

     

    - Alors, affaire classée ? demanda-t-il.

    - Oui, c’est bon.

    - Je dois reconnaître que tu as très bon goût, elle est charmante… Elle est le portrait de sa soeur.

    - Et sa soeur, justement, tu te l’es faite ?

    - Pas encore.

    - T’attends quoi, la semaine des quatre jeudis ?

    - La patience vient à bout de tout. J’attends qu’elle cède. Elle le fera.



    Elle passa une main dans ses cheveux qu’elle ramena d’un côté de son épaule, une masse flambloyante aux reflets mouvants.


    - T’as pas de couilles en fait.

     

     

     

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    EHEHEHEHHE J'AI MAJE EHEHEH DEUX MAJS EN PEU DE TEMPS C'EST UN MIRACLE BEATIFIEZ MOOOOOIIII

    Pas d'images je sais. Jeuquibuguej'aiessayépourtant. Demandez à Neikka elle était à côté de moi.

    ET UNE AUTRE MAJ AVEC ABIIIIIIIIS THE BADASS SHAGASS ET FRANCIIIICHOOOOOUUUUU ♥♥

    Je crois que c'est l'une des pires màjs avec narration que j'ai jamais faite ;w; Scuzi !

     


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  •             A mettre en fond  (un peu de Gotan Project pour rythmer tout ça)      

     

    Mina

     

    Je m’éveillai, languissante dans les draps clairs, en chemise de nuit blanche admirablement brodée de dentelle. Elle me faisait la peau un peu jaune, mais embellissait mes cheveux d’un noir profond, mes yeux fleur-de-chicorée…enfin, c’est ce que mon mari m’avait dit quand je l’avais achetée. Il n’y avait que lui pour comparer mes yeux à une fleur...

     

    A côté de moi, le lit bougea, et Jean-Louis émergea à son tour, encore tout pétri de sommeil, les yeux minuscules. Il me dit :

     

    - Bonjour Mme Davids….

     

    Et je répondis “Bonjour Mr Davids !”. Car j’étais mariée désormais... Il s’est passé tant de choses dans les semaines passées… J’ai tout à vous raconter, vous avez tant à rattraper ! D’abord, ma conversation avec JL, puis l’entrevue avec François - car j’y étais allée - et ensuite, le jour de mon mariage.

     

    …. Comme ça sonne drôlement dans ma bouche “mariage” !

     

    ***

     

    Je déboulai dans la cave à toute allure. Aussitôt, les miasmes poussiéreux me saisirent à la gorge. J’éternuai.

     

    - Mina ?

    - Oui, c’est moi…

     

    Il m’entoura de ses bras protecteurs, avec ce sourire qui me faisait fondre...mais je me dégageai de peur qu’il perçût l’odeur, l’odeur de l’autre. Je sentais encore l’empreinte brûlante de ses doigts sur ma peau, comme marquée au fer rouge. Mon ventre se tordit douloureusement

     

    Ca t’apprendra, petite fille qui joue avec le feu.

     

    J’aurais voulu pouvoir tout lui dire de ce qui venait de se passer, mais j’étais moi-même si perdue dans le fouillis de mes sentiments que je me tus. Peur de le perdre.

     

    Comme tu étais égoïste, Mina… Tu l’avais déjà presque perdu. Rien n’était déjà plus pareil.

     

    - Il n’a pas été trop détestable ?

     

    Oh non, si tu savais Jean-Louis, il n’a pas été détestable, loin de là… Je t’avais dit que je ne le supportais pas, mais comme tout avait changé depuis cette confidence… Et ton sourire, ce sourire qui me berçait d’amour, tes yeux qui m’élevaient plus haut que je méritais de l’être, tes yeux qui me faisaient belle et ne voyaient pas la laideur en moi…



    - Non non… Tu peux remonter maintenant, il est parti.

    - Ca va ? Tu as l’air bizarre.

    - Je...oui... pourquoi ?

     

    Je me tordis nerveusement les mains en repensant à ce qui venait de se passer. Pourvu qu'il ne devinât rien... Mais il fallait que je lui dise !

     

    -Justement, je ne sais pas et je voudrais savoir. Qu'est-ce qui t'arrive ?

    - Je suis soooo stressed...j'ai un truc à te dire, enfin, à te demander, mais j'ai peur de ta réaction...

    -Tu peux tout me demander tu sais, je ferais tout pour toi !

     

    La culpabilité resta coincée en travers de ma gorge, une boule qui bloquait, là, qui m’empêchait presque de respirer. Il était trop... Trop gentil. Trop attentionné. Comment avais-je pu lui faire ça ?

     

    - Vraiment ? Je souris, un petit sourire qui ne gagna pas mes yeux. C'est juste que...C'est pas un tout petit truc...c'est même plutôt énorme... Je ne sais pas comment te dire...

    -Encore une fois, tu peux tout me dire.

    - Je...

     

    J’avalai durement ma salive et lui saisis les mains que je pressai désespérement. Moment décisif. Trop de tension pour moi.

     

    - Tu veux m'épouser ?

     

    Il écarquilla les yeux, et un sourire naquit comme au ralenti sur son visage.

     

    -T-t'épouser ? Sérieusement ?

    - Mais oui, sérieusement...

     

    Je ris.

    Je retrouvai mon assurance et me découvris des talents de comédienne mais au fond, je le savais, je ne dormirai pas cette nuit. Cette demande en mariage, c’était un acte désespéré, maladroit, guidé par la secrète espérance qu'il m’'empêcherait de comettre l'irréparable avec François.

     

    Mais ce que tu avais fait n’était déjà pas réparable, petite fille. Le jouet avait glissé d’entre tes doigts et s’était écrasé au sol, en mille morceaux.

     

    -Alors tu connais déjà la réponse. Bien sûr que oui !

    - C'est vrai ? Quand ? Mais il faut qu'on prévienne ma mère !

    -Oui bien sûr et je pense qu'elle ne sera pas contre, après tout nous devons nous épouser depuis tout petits. Alors c'est où tu le désires, quand et comme tu le souhaites.

    - Tu es parfait Jean-Louis... Ce n'est pas possible, je vais devoir t'inventer des défauts... Et pour le où, ici bien sûr, quant au quand...dès que ma mère reviendra…

     

    Je réfléchis un instant puis repris :

     

    - Mais si ça ne te dérange pas, je préfère d'abord l'avertir que tu arrives. Elle prendrait mal le fait que je t'ai planqué dans la cave à son insu je pense.

    -Je suis de cet avis. Mais en attendant je suis tellement content que tu me le proposes…

    - Je sais que normalement c'est toi qui aurais du me le demander... tu ne m'en veux pas de te voler ça ?

     

    Je me serrai un peu plus étroitement contre lui. Ses mains enserrèrent mes hanches.

     

    Petite fille qui apprenait les pas d’une danse dangereuse…Celle du mensonge. Celle de la manipulation.

     

    -Absolument pas...J'aurais eu peur de trop t'en demander, d'aller trop vite ou loin pour toi.

     

    Il baissa plus encore ses doigts. Comme il était appliqué, généreux  jusque dans l’amour !

     

    - Rien n'ira jamais trop vite avec toi... Tu es un parfait gentleman... fis-je.

     

    J’apprenais les gestes, j’apprenais à manipuler l’esprit faible. Et puis, si j’étais encore capable d’aller vers lui de cette manière, sans dégoût, c’est que je l’aimais encore, non ?

     

    -Tu veux que j'y aille...Plus vite alors ?

    - Vas-y. Laisse-toi aller…

     

    Alors que la conversation commençait sérieusement à dériver, un son perça le silence humide de la cave.

    Des pas.

    Des pas sur la pierre des marches.

    Nous nous figeâmes d’un même mouvement.





    ***





    La silhouette dont j’avais déjà reconnu le pas surgit de l’ombre, éclairée par la tête chauve et frêle de l’ampoule. Nous avions eu le temps de nous séparer, nous l’attendions, moi grave, lui la tête baissée, comme fautif.

     

    Maman. Elle resta figée. Ses yeux s’écarquillèrent, leurs cils battant follement, des herbes sombres battues par le vent.

     

    - Maman, laisse-moi t’expli…

    - Jean-Louis ?! Que… Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne devrais pas être à Fort Strike ?

     

    C’était une question qui n’appelait aucune réponse, alors il n’y répondit pas. Elle avisa les affaires qui témoignaient de son installation peu récente ici, un peigne, une pile de livres sur le radiateur, des vêtements un peu partout, et surtout, le lit qui portait la double empreinte de nos corps…

    Je repoussai discrètement du pied un de mes soutien-gorges. La tolérance de ma mère avait ses limites. elle devait bien se douter que nous n’avions pas passé tout notre temps à jouer à la bataille corse et que nous nous étions livrés à des passes-temps plus licencieux, mais de là à lui exposer ma vie sensuelle naissante…

     

    Elle me demanda, ses yeux purs mouillés de grosses larmes :

     

    - Depuis combien de temps il est ici ?

    - 9 mois…

     

    Je réalisai que c’était exactement le temps nécessaire à la conception d’un enfant. L’incubation de notre amour… ou le début de son essoufflement ?...

     

    - Si longtemps ! Pourquoi tu ne m’as rien dit ?! Et toi, arrête de faire cette mine de chaton effarouché ! Fit-elle à JL.

    - Je suis désolé madame, mais je ne pouvais pas rester là-bas, j’avais besoin de voir Mina…

     

    J’évitai d’un geste le bras qu’il allait enrouler autour de mon épaule.

     

    Son affection sans limites t’encombrait déjà…

     

    - Et tes parents ? Tu n’y as pas pensé ?! Ils ont dû être fous d’inquiétudes et…

    - Ils n’en avaient pas grand chose à faire, sauf ma sœur. Sinon ils m’auraient cherché…

     

    Elle se tut, ravala les larmes qui devaient monter dans sa gorge. C’est moi qu’elle questionna :

     

    - Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

    - Parce que ! Tu aurais dit non. Tu aurais plaidé pour la raison, et JL serait retourné souffrir dans cette fichue école. Tu m’aurais grondée d’avoir eu cette idée folle…

     

    Je repris, la voix faible :

     

    - … Je ne suis plus une enfant maman. Même les adultes ont tort parfois.

     

    Tu te sentis minuscule à cet instant, petite fille… C’était la première fois que ta mère te regardait avec ces yeux de lionne blessée.

     

    Elle reprit vite son aplomb :

     

    - Bon, Jean-Louis, je suis désolée mais tu vas devoir retourner chez toi. J’ai déjà du mal à assumer mes propres enfants et…

    - Vous ne pouvez pas dire ça. “Chez moi”, c’est ici. Ma vie est ici, avec Mina.

    - Je...

    - Ma vie, C’EST Mina.

     

    Maman se prit la tête entre les mains. Elle avait l’air tellement vieille tout à coup… Moi aussi j’avais les larmes aux yeux à cause de ce qu’il avait dit.

     

    J’étais tout pour lui.

     

    Mais qu’était-il pour toi ? Un simple jouet que l’on laisse prendre poussière dans un coin quand on l’a usé, petite fille ?

     

    - Maman, maman, ne pleure pas. On va se marier. On va être heureux. On va poursuivre le legacy, comme tu le voulais. En plus je dois être avec JL depuis que je suis toute petite, tout finit bien non ? Tu n’es pas heureuse pour moi ?

     

    Je ne sus pas pourquoi, mais les dernières phrases rapèrent amèrent ma langue quand je les prononçai.

     

    ***

     

    J'avais tant retourné le papier dans ma poche que l'encre avait bavé, effaçant les mots. J'avais du mal à croire que c'était bien sa main qui les avait tracés.

     

    Je ne savais que faire. Devais-je y aller, au risque de trahir complètement JL; ou l'oublier et le regretter toujours ?

    Car j'avais l'étrange sensation que toute ma vie se jouait à cet instant. Que toute ma vie dépendait de ce que je ferais... ou ne ferais pas.

     

    Alors, j'y allai. Je mentis pour la seconde fois. J'étais secouée par mes pensées : pénétrée d'une colère sourde contre cet homme qui me détournait de la route droite de ma vie; mais aussi reconnaissante de toutes les choses qu'il me faisait découvrir...



    ***

    Quand j’arrivai devant sa porte, je restai figée un instant. Décidémment, j’allais finir par haïr les portes.

     

    Peut-être parce qu’il te fallait les pousser plutôt que de te laisser aller comme d’habitude…

     

    Je posai ma main sur la poignée. La Peur m’étreignit la poitrine. Peur de ce qui pourrait se passer quand j’entrerai. Peur de l’intensité des moments que nous passions ensemble. Il était temps de te chasser, toi qui dirigeais ma vie...

     

    Cette porte, nous l’ouvrîmes en même temps et je m’écrasai contre lui, emportée par mon élan.

     

    - Et bien, je vois que tu es heureuse de me voir ! fit François, son sourire habituel au coin des lèvres.

     

    Comme si de rien n’était, alors qu’il restait appuyé contre l’embrasure de la porte, je m’appropriai ses paroles de l’autre jour :

     

    - Vous ne me faites pas entrer ?

     

    Inconsciemment, tu apprenais les règles du jeu, petite fille. Il t’avait déjà conquise.

     

    Pour toute réponse, il s’écarta. Je sentis son regard lourd sur moi quand j’entrai. Frisson.

     

    - Vous habitez ici alors ? Seul ?

    - Si tu veux te joindre à moi…

     

    J’ignorai sa réplique. Nouveau frisson.

     

    - C’est petit…

    - Ainsi on est forcé de se serrer…

     

    Je me raidis, lui se tut. Il ferma la porte. Nous étions enfin (déjà...) seuls, à l’écart du monde. Quand j’étais avec lui, le temps se figeait miraculeusement; et chaque geste, chaque mot prenait tout son sens, loin de l’empressement habituel qui régissait nos existences., une parenthèse entre les phrases trop longues.

    Il me guida jusqu’au salon, laissant une main pousser doucement au creux de mon dos, m’enveloppant de son parfum. Cuir, tabac, vieux livres. La main dans mon dos, l’odeur dans mes narines, nos pas sur le parquet. Main, cuir, pas. Pas, cuir, main. Et encore un frisson.

    La peur m’avait quittée. J’étais juste bien… Jusqu’à ce qu’il attaque les festivités :

     

    - Alors, tu es venue ?...

    - Oui.

    - Pourquoi ?

    - Pour vous voir…

    - Wihelmina…Ne joue pas à cela...

    - Je ne m’appelle pas Wihelmina. Moi, c’est Mina.

     

    Pour une fois, j’étais meneuse du jeu. A moi de prendre l’avantage.

     

    - Dois-je donc en déduire que tu ne m’es pas indifférente ?

    - Ce serait faire preuve d’un jugement hâtif.

     

    Terrible, ce que la morale me poussait à faire alors que j’avais juste envie de me jeter dans ses bras, nue de préférence. Je le vis serrer les poings. Comme un enfant gâté, il n’appréciait pas qu’on lui refuse ses caprices.

     

    - Alors… Tu l’aimes, ce gamin, Jean-Louis ?

    - Oui je l’aime, naturellement.

    - Naturellement, elle l’aime naturellement !… Le pauvre ! dit-il avec un rire jaune.

    - Et je vais me marier avec lui.

    - Te marier ?!

     

    Je l’avais suffoqué. Quand je lui dis que ce serait la semaine prochaine, je crus qu’il allait me manger toute crue. J’étais fière de moi, je gardais contenance pour une fois, tandis que lui devenait fou.

     

    - Petite idiote… Comme si cela allait empêcher quelque chose !

    - Empêcher quoi ?

    - … Ose dire que je ne t’ai pas troublée ! Ose dire que tu n’as jamais pensé à moi, juste avant de t’endormir, dans l’ombre de lit ! Ose dire que tu n’as pas aimé cela !

     

    Il m’attrapa la taille et me serra contre lui. Je flirtais avec le danger, avec l’homme brûlant de désir sous la face flegmatique. Car c’était du désir qu’il éprouvait pour moi. Et que j’éprouvai pour lui. Je découvrai grâce à lui un pouvoir phénoménal capable de déchaîner guerre et mort, ou plus simplement, la fureur d’un homme calme. Et une faim lancinante dans mon ventre, que toute la nourriture du monde ne comblerait pas.

     

    - Vous avez touché un point faible, voilà tout : la bassesse des instincts humains.

    - Tu ne ressens donc rien ? Même comme cela ?

     

    Il colla son corps contre le mien, approchant son visage très, trop près. Je réprimai le frémissement au creux de mes entrailles.

     

    - Non.

    - Vraiment ?

     

    Il darda ses prunelles claires dans les miennes. Je soutins son regard. Il fallait que j’agisse avant que ma volonté fléchisse. Je ne ressens pas rien, je ressens même trop.

     

    - Rien.

    - Ainsi, tu ne m’aimes pas ?

    - Je ne m’hasarderais pas jusque là.

     

    Il serra cruellement mes poignets. Ses ongles entamaient la chair tendre.

     

    - Tu ne m’aimes pas ? Tu ne m’aimes pas ?! Et bien, tu verras, tu finiras par le faire, jusqu’à la folie !

    - Jamais !

     

    Quel mensonge ! Alors c’était cela l’amour ? Ses doigts qui meurtrissaient ma peau ? Cette colère qui déformait son visage ? Ces choses fausses que je proférais ?

     

    - Vous me faites mal !

     

    Il relâcha son étreinte.

     

    - Pardon. Regarde, tu me rends fou… Fou d’amour…

    - Ce n’est pas de l’amour cela, Monsieur.

     

    Je ne sais pas pourquoi je l’avais appelé “Monsieur” avec cette intonation si puérile.

     

    - Que connais-tu de l’amour ?

    - Rien, justement. Je le découvre avec des yeux neufs de nouveau-né qui observe le monde pour la première fois. Et quand vous me faites mal comme cela, ce n’est pas de l’amour.

    - Qu’est-ce, alors ?

     

    Comme j’étais cruelle, avec lui et avec moi… Je faillis céder et m’abandonner dans ses bras en apercevant un triste éclat dans son regard. D’une grande main soudain maladroite, il caressa ma joue. Ses lèvres se posèrent sur mon front, dans un baiser si tendre qu’il en devint presque paternel.

     

    - Je suis désolé. Mais tu m’aimeras, petite fille, et ensemble nous serons souverains...

     

    Il fallait que je parte avant qu’il se rende compte que je bluffais. J’abattis mes dernières cartes, le coeur inexplicablement en miettes :

     

    - Mon mariage, c’est mardi. Vous êtes invité...par ma mère.

     

    Et je sortis.




    ***

     

    Ce fut une cérémonie en petit comité. Comme nombre de petites filles, j’avais longtemps rêvé à ce jour, imaginant la cérémonie dans ses moindres détails. Je me voyais rayonnante et baignant dans un bonheur réconfortant, un bonheur doux et enveloppant comme un bain dans lequel on entre.

    Je ne pensais pas qu’il viendrait aussi tôt, ce grand jour.

    Je portais une robe qui n’était pas tout à fait blanche, écrue plutôt. J’avais dit à Jean-Louis que cela aurait été hypocrite, et il avait rit. Depuis ma demande, c’est lui qui se baignait dans le bonheur. Il vivait sur un nuage. Tout juste si je pouvais poser un pied à terre sans qu’il léchât le sol préalablement…

     

    Maman revêtait un sourire factice dès qu’elle me croisait. Depuis la scène de la cave, nous n’échangions que des paroles plates. Notre complicité avait disparu, et je faisais comme si cela m’importait peu. Elle était aussi très froide avec mon fiancé qui se mettait pourtant en quatre pour elle avec un dévouement de chien sans maître.  Quant à Bethsabée, quelque chose clochait chez elle. Mine défaite, yeux rouges, cheveux prenant des couleurs de cendre terne…

    J’étais tellement occupée par moi-même que je ne lui posai aucune question.

     

    Et François, tu l’oublies, ton dernier caprice, petite fille faite femme, lui aussi était au coeur de tes préoccupations...

     

    J’avançai dans l’allée, la solitude à mon bras, là où aurait dû se trouver mon père. Le soleil qui entrait par les vitres me nimbait de ses rayons. J’atteins enfin Jean-Louis.

    Il tourna vers moi ses prunelles brunes et humides de cocker anglais. J’aurais pu le flatter du plat de la main comme un petit animal sage qu’il aurait courbé la tête sous la caresse. Mais je me contentai de prendre son bras.



    Lorsque l’on dit “Si quelqu’un s’oppose à cette union, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais”, François frémit. Il aurait été tellement délectable de jeter tout cela à l’assistance… Mais une main blanche pressa son bras avec fermeté, si bien qu’il se tut.

     

    Mina fit un rideau de ses cheveux quand elle signa le registre. Ne pas regarder le sourire d’Abis, le sourire de ceux qui savent mais se taisent. Ne pas regarder les yeux de François qui criaient “Tu cèderas”.

     

    Quand ils sortirent sous les applaudissements, JL lui glissa à l’oreille “C’est le plus beau jour de ma vie”.


    Elle lui sourit.

    Tout le masque joyeux de son visage se crispa quand une main hardie effleura sa cuisse. Elle se retourna brusquement.François, l’air sardonique. “Toutes mes félicitations !”

     

    Echec et mat, petite fille.

     

    Il s’éloigna vers Abis, qui lui murmura à l’oreille en enroulant un bras autour de son cou, tel un serpent entourant un pommier. Ils marchèrent côte à côte, altiers, félins tout deux; baignés de lumière et les gravillons sous leurs pieds craquèrent comme des os sous des dents gourmandes...



    Tu pensais vivre la vie
    Tu pensais éviter l'inévitable

    Mais

    La vie t'a dévorée

    L'inévitable t'a rattrapée

    Et aujourd'hui dans tes mains

    Ne restent que des fleurs séchées

     

    __________________________________________________________

    YEAAAH J'AI MAJE ! CHAAAAAAAAAAAAAMPAAAAAAAAAAGNEEEEEEEEUUUUUUUUH ! Sortez les drapeaux, les vuvuzela, le caviar et les fraises - pour aller avec le champagne, of course - et puis le Nutella et ...

     

    BREF.

     

    Je sais, il n'y a pas d'images. Demandez à Monseigneur-THE-Jeu-qui-refuse-de-fonctionner pourquoi... Mais mais mais, il n'y a pas d'images MAIS cette màj est hypra-longue.

     

    Une autre suivra dans six mois bientôt, au gré de mon inspiration, de mon temps pour écrire - vacaciones, vacaciones, voy a la playa ! - des bugs de mon très cher Raymond(RAYMOND C'EST MON NORDINATEUREUH ♥)et de sa topine Cristina la wifi.

     

    Vuala. J'espère que ça vous plaira, pour l'instant ça me plaît à peu près mais quand je vais me lever demain matin je vais renier cette cacouille oeuvre bouse écrite à la sueur de mon front.

     

    AH ET.

    BANDE DE KIWIS SANS POILS.

    Dans le sondage sur votre personnage préféré, Abis et François remportent une majorité de voix...

    BANDEKIWISSANSPOILSMASOSQUIKEAFFENTLESMECHANTSTROPBADASSGNEEUUUUHFRANCOISJE T'AIMEABISEPOUSEMOI

     

    Bonne lecture :3

     

    Emmaaaaaaaaaaaaarjoooooolaaaaaaaaaaaaiiiiiiineuuuuh.

     

    HUGH.

     

    PS : J'oubliais de préciser que le dialogue Mina/JL est le fruit d'un rp avec Neikchouw d'amour, dont vous trouverez le blog ici

    C'est aussi elle qui a trouvé certaines phrases sorti par Francichou-le-pseudo-counard !

     


    9 commentaires

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    Mina

     

     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

    On sonne à la porte. Je regarde pas la fenêtre.


     

    C’est François.


     

    La soirée où je l’ai rencontré, le baiser volé, les souvenirs se bousculent dans ma tête, comme si j’avais soulevé le voile noir qui les recouvre. Mes joues, mon corps s’embrasent, un feu intérieur dont lui seul peut raviver les braises.

    Depuis que Jean-Louis est ici, il est revenu parfois manger, charmant tout le monde par son esprit, sa conversation et son humour… Il m’horripilait Je lui en voulais.


     

    Dès que je m’étais trouvée seule avec lui, il avait multiplié les sous-entendus, les gestes les plus infimes, qui m’avaient lentement approchée d’un point de non-retour. Il soufflait le chaud et le froid d’’un geste, j’étais tentée ou distante selon les remous de ma conscience…  Il avait réussi à effacer tout dégoût pour lui. Je commençais à éprouver autre chose.  Et je m’en voulais aussi, parce qu’au fond, j’avais aimé ça, ce premier baiser. Je n’arrivais pas à effacer son goût de mes lèvres. J’en rêvais parfois encore. Quand il venait chez nous, je me délectais de cette tension délicieuse qui tendait un arc électrique entre nous, sans que personne d’autre ne s’en aperçoive. J’imaginais sa main sur ma joue et nos silhouettes enlacées quand j’étais seule…mais je finissais toujours par chasser ces pensées coupables en pensant à JL.  Je me demande comment il ne s’est encore rendu compte de rien. Je suis à moité bipolaire et complètement insupportable en ce moment.


     
     

    De tout cela, je n’ai parlé à personne. Pourquoi tout chambouler alors que je pourrais être si heureuse ? Alors que tout va bien ? Tant d'autres voudraient être à ma place !


     

    Toujours est-il qu’il est là, dehors, et qu’il attend.


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements


     

    J’ai peur de lui ouvrir.


     

    Ouvrir cette porte, c’est céder.

    Ouvrir cette porte, c’est trahir Jean-Louis.

    Ouvrir cette porte, c’est m’abandonner à une vulnérabilité dont j’ai depuis longtemps perdu la sensation.


     

    Parce que je me sens sans forces face à lui, viendra le moment où il fera ce qu’il voudra de moi. J’en suis persuadée. Et je ne résisterai pas.


     

    Je sais qu’il me veut, et il m’aura. Il a ce don de percer la carapace impénétrable dont je me suis entourée, cette réserve qui me protège depuis toujours. Je lutterai...mais le dénouement sera le même.


     

    J’ouvre la porte. Des larmes me viennent aux yeux.


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    - Bonjour, je fais froidement, en gardant une distance respectable pour éviter tout contact.


     

    Tu vas craquer, tu vas craquer, éloigne-toi...


     

    - Bonjour, Wihelmina.


     

    Et il tend la main vers moi. J’accepte la poignée avec hésitation. A peine nos mains se sont entremêlées qu’il m’attire tout près. Mon souffle se précipite. Je tremble. Que va-t-il faire ?


     

    Tu en as envie, qu’il t’embrasse, avoue-le ! Dis-le !


     

    Il me relâche avec un sourire sibyllin.


     

    - Tu ne me fais pas entrer ?

    - Si, bien sûr.


     

    Je m’efface et m’efforce de respirer profondément. Pourvu qu’il me laisse. Pourvu qu’il ne fasse rien. Jean-Louis est juste quelques mètres en-dessous de nous...


     

    Mais il va le faire, il va le faire, gare à toi…


     

    - C’est ta mère qui m’envoie. Elle voulait que je vérifie si tout va bien.


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    - Mais ça va, on peut se débrouiller seules. Asseyez-vous, vous voulez quelque chose ?

    - Toi.


     

    Je deviens rouge-tomate-trop-mûre.


     

    -  Arrêtez ce petit jeu.


     

    Non, continuez, continuez...

    Une ombre passe dans ses yeux.


     

    - Tu y goûtes autant que moi…

    - Arrêtez.


     

    Il a raison...

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    Il prend ma main, et la presse contre ses lèvres. Mes jambes se dérobent sous moi.


     

    - Tu ne devrais pas rester avec lui... Il t'aime trop sagement.

    -  De quel droit dites vous ça ?! Qu'est ce qui vous dit qu'il m'aime trop sagement ?


     

    Mais c’est vrai, il est tendre, il est aimant, mais il manque quelque chose, de l’impétuosité, de la sauvagerie, de l’abandon…


     

    Sa bouche dérive sur mon poignet, s'égare sur ma peau qui frissonne sous la caresse.


     

    - François...

    - Tu ne me laisseras pas faire ça, si tu étais satisfaite de ta relation avec lui... Tu appellerais ta sœur ou tu crierais, tu sortirais de la pièce ou tu me chasserais. Et regardes-toi, tu en réclames encore plus, tu en meurs d’envie, je pourrais…

    - Vous pourriez ?


     

    Je reprend mon sang-froid et ôte ma main. Il vrille ses yeux félins dans les miens.


     

    - Tu veux ?


     

    Il joue sur les mots, encore. Je deviens folle.


     

    - Laissez-moi. Je n’ai pas besoin d’autres contraintes dans ma vie. J’en ai déjà assez comme ça.

    - Tu sais bien que je ne serais pas une contrainte…


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    Je me lève pour m’éloigner, mais il me rattrape en un pas. Je pose mes mains sur son torse, une poussée désespérée dans l’espoir de l’éloigner, de ne pas craquer, de maintenir ces barrières en moi sur le point de se rompre...mais mes lèvres, délaissant mon esprit pour suivre mon coeur, tendent irrésistiblement vers lui.


     

    The heart asks pleasure first… Laisse-toi aller Mina, laisse ton coeur parler… A moins que tu ais peur de ce qu’il te dise ?


     

    Je ne veux faire de mal à personne...surtout pas à celui qui a vécu caché dans une cave pendant six mois, qui a quitté sa famille, qui a tout abandonné pour moi. Je l’aime, j’en suis sûre, peut-être d’une tendresse vague, mais je l’aime…


     

    Tu es sûre que c’est de l’amour ? Tu en es sûre ? Est-ce que tu sacrifierais ta vie pour lui ?


     

    Et pourtant, cet homme qui aurait l’âge d’être mon père, cet homme qui contemple mon débâcle intérieur, lui aussi me fait vibrer. D’une manière encore plus violente, presque animale… Et je découvre que moi aussi, j’aspire à cette animalité.


     

    Et bien tu vois...

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    Nos dents s’entrechoquent, il met toute l’ardeur qui l’anime dans ce baiser violent. Il me presse contre  la table tandis que ses mains, redoutables, pétrissent la chair blanche de mes cuisses, malmènent ma robe, tordent des agrafes.Je suis morte entre ses bras, j’abandonne la lutte. Femme de glaise malléable à souhait.

     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     

    J’empoigne ses cheveux, soudain barbare,  je lui rends son baiser fou. Mes jambes sont autour de sa taille, nos langues se combattent, et c’est délicieux, si délicieux, la tête m’en tourne, je suis ivre, ivre de désir et manifestement, lui aussi. Une vague intérieure, enflammée, me tord le ventre et le coeur et la tête.


     

    Une porte qui claque nous ramène à la réalité. Nous nous détachons l’un de l’autre, (si j’écoutais mon corps il dirait à regret).


     

    Ce sont Abis et Bethsabée qui entrent, chargées de sacs.


     

    - Ca va ? fait ma soeur avec un grand sourire. On va essayer tout ce qu’on a acheté, tu viens ?

    - Je...oui, j’arrive, je raccompagne… fais-je en désignant mon presque-amant.


     

    Vite, vite, le chasser, tant que je résiste encore...


     

    Elle hausse les sourcils mais ne dit rien, elle a remarqué mes cheveux désordonnés, mes joues cramoisies. Abis a le sourire du chat qui a mangé le canari.


     

    Alors que je m’apprête à fermer la porte derrière François, il me glisse une enveloppe entre les doigts.


     
     

    *


     
     

    “Vendredi … Juin, à 18 heures, chez moi.


     

    Si tu ne viens pas, j’en déduirais que tu m’es indifférente. Mais si tu viens…”


     

    *


     

    Omniscient


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    - Et dire que ta mère pense qu’entre nous c’est juste de l’amitié… Si elle savait qu’à chaque fois que je vois sa fille, dit Abis avec un sourire grivois, je la fais grimper aux rideaux…

    - Peut-être pas grimper aux rideaux quand même…


     

    Bethsabée lui caresse la joue, la dévore de ses yeux énamourés.


     

    - Tu crois ça ? Demande aux murs, demande au lit, ils te répondront autre chose !


     

    Elle lui tire la langue. L’autre devient rouge.


     

    - Tsss, tu n’es pas sortable.

    - De toute manière tu préfères me garder rien que pour toi…


     

    Abis a toujours le dernier mot. Elle se lève et s’étire lascivement. Sa compagne se perd dans la contemplation gourmande d’une nuque, la courbe ronde d’une hanche, les entrelacs bleutés que font les veines sur gorge…


     

    - On essaye ? Elle demande - et déjà elle farfouille dans les sacs qui jonchent le sol, sans même attendre une réponse.

    - Allez…


     

     


     

    Bethsabée se lève à son tour. Ne résiste pas, lui colle un baiser à la commisure des lèvres. Elle se dérobe.


     

    - Ta soeur et François…

    - Oui ?

    - Enfin tu sais bien… Tu les as vus comme moi non ?

    - Oui et ?

    - Bah c’est dégueulasse pour Jean-Louis !

    - Peut-être. Mais sii Mina fait quelque chose, c’est qu’elle a ses raisons.

    - Mais c’est cruel !


     

    Betsy la foudroie du regard. Bien qu’elle vive dans l’ombre de sa soeur depuis si longtemps - elle n’est après tout que la copie édulcorée du petit génie de la famille - elle pardonne encore, avec une admiration sans faille, tous les actes de celle-ci. Tous. Même ceux qui ne sont pas justifiables.


     

    - Elle fait ce qu’elle veut ! Elle est grande merde !

    - Eeeh, c’est bon, soit pas agressive…


     

    Bethsabée vide les sacs, piétinent les vêtements épars. Enlève son tee-shirt pour en essayer un autre. Des mèches sur son front font comme des cornes de diablesse.


     

    - Je suis pas agressive !

    - Je suis paaaaaaaaaas énervéééééeeeee !! Elle la singe.


     


     

    Elle s’approche pour poser la tête dans son cou, petit chat affectueux, mais ses paroles sont loin d’en avoir la douceur.


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

    - Allez on n’en parle plus, Mina peut tromper JL avec François, le facteur, le plombier, la caissière de chez Shopi ou tous à la fois, we don’t care ! Elle pourrait être la pire des traînées que tu la verrais comme une sainte...


     

    Habituellement, dès l’ébauche d’un conflit, Bethsabée courbe l’échine. Pas cette fois. Pas quand des paroles dures, qui sont autant d’armes fatales, visent sa soeur, son modèle, la seule personne qu’elle aime plus qu’elle-même, sur qui elle a tout bâti.

     

    - Tu te rends compte de ce que tu dis ?! Je ne sais pas plus que toi ce qui se trame, mais ne parle pas de Mina comme ça.


     

    Et puis, sans qu’elle les contrôle, les mots sortent, comme pourvus d’une vie propre.


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    - Elle est juste perdue, essaye de comprendre au moins ça  ! La catin ce n’est pas elle...


     

    Sa voix tremble mais il est trop tard. Dans la pièce, le temps semble suspendu. Un frisson glacé agite ses épaules. Son regard, comme il est froid…

    Elle accuse le choc de la gifle qui lui fait monter les larmes aux yeux. Abis tremble de rage. Elle pousse un rire sombre.


     

    - La catin, c’est moi, c’est ça ?


     

    Elle crie en claquant la porte :


     

    - Tu pouvais dire “putain” tu sais, j’ai l’habitude. Si c’est comme ça, je pars ! ET T’AURAIS PAS DU LE PRENDRE CE PANTALON IL TE FAIT UN GROS CUL !


     

    (Ceci est tout à fait possible à dur en claquant une porte. Sisi !)


     

    (Voilà comment casser une ambiance)


     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     


     

    Bethsabée s’écroule en sanglots. Pourquoi elle a dit ça ? Elle ne le pensais même pas. Elle gémit :


     

    - Désolée ! Désolé ! C’est pas ce que je voulais dire ! Je suis désolée ! Abis…


     Mais sa voix se meurt et seul le silence lui répond.

     

    106 - The heart asks pleasure first ou rebondissements

     

     

    _____________________________________________________________________________________________________

     

    Hellooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooow !

     

    Eh oui, j'ai màjé ! (Blaz, arrête de crier LES DAVIDS LES DAVIDS JE T'ENTENDS)

    Neikka (JOYEUX DEMI-ANNIVERSAIRE JE SAIS C'EST DEMAIN MAIS JE VOULAIS MAJER AUJOURD'HUI) et Cos, vous apprécierez le passage à haute tension entre Mina et François j'espère :D

    Normalement cette màj devait contenir une autre partie avec Mina et JL, mais elle n'étais pas prête et j'avais pas màjé depuis... je sais pas... je sais plus... j'ai hoooooooooooonte >w<

    Les photos sont un peu pourraves et ne correspondent pas toujours au texte (parce que j'ai écris le texte avant de faire les photofs, FUCK LA LOGIQUE)... J'ai fait pleins d'ellipse juste pour écrire ces passages... Mais mon lega va trop lentement alors vuala.

    La maison, les vêtements, TOUT est provisoire. Surtout la coupe et la tête de François qui a perdu bocoup bocoup de son sex-appeal (Mmmmmh, François 8D)

    La vilaine Abis fait encore des siennes... Et François (EPOUSE MOI EPOUSE MOI EPOUSE MOI FAISONS DES BEBES) a réussi à ensorceler Mina... Que va-t-il se passer ? MWAHAHAAHAH SUSPEEEEEEENS (foireux) !

     

    Commentez, critiquez, criez de joie, pleurez, allez-y !

     

    JE M'EN FOUS J'AI MAJE J'AI MAJE !! HIHIHIHIIHIHI. Sur ce, je vais me faire pipi dessus devant Outlast, parce que les Sims c'est cool mais je veux DU SANG et de la PEUR.

     

    Byyyyyyyyyyouuuuuuus

     

    Emmarjolaine.

     

    P.S : BIENTOT COLLAB WITH NEIK SI ELLE EST TOUJOURS D'ACC ! Je suis trop fière là. A propos, si il y en a qui souhaitent faire des collab... je suis ouverte ! (ISTI REMBALLE LA PHRASE PERVERSE QUE TU T’APPRÊTES A SORTIR)

     


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